Que l’on soit fan de sensations fortes ou non, nous avons tous été tentés de monter dans Space Mountain. Certains ont décidé d’y renoncer à leur arrivée devant le quai d’embarcation. Pour autant, ils peuvent se vanter d’avoir voulu essayer. Space Mountain, ce lieu mythique de Disneyland Paris est le fruit d’une longue réflexion et de tourments. Mais le parc peut en être fier car il en possède une version unique et bien différente des autres. Nous allons rentrer au cœur d’une attraction qui, encore aujourd’hui, fait beaucoup parler d’elle. Voici son histoire.

Une attraction inspirée par une autre

Comme bien souvent dans l’univers de Disneyland, une attraction donne l’idée à une autre. Space Mountain ne fait pas exception à la règle et il a fallut plusieurs années avant qu’il voit le jour. Le manque de moyen, la technologie, tous ces facteurs ont longtemps mis un frein à la réalisation du projet. Mais avec les Imagineers, rien n’est jamais totalement perdu.

Fascination pour la montagne

Comme pour bien des choses,  Walt Disney a, depuis sa plus tendre enfance, une grande fascination pour les montagnes. Il voit en elles un caractère divin et mystique. Cela n’a rien de bien étonnant. Depuis toujours, elles sont l’objet d’écrits divins. Dans la Grèce Antique, la plus célèbre est le Mont Olympe où,

 selon les anciens, vivaient et festoyaient les Dieux. Chez les amérindiens, les montagnes étaient elles même le refuge des Dieux. Dans la Bible, le Coran et la Torah, c’est un lieu ou Dieu se révèle aux hommes. Le plus célèbre étant Moïse que Dieu appela sur le Mont Sinaï sous la forme d’un buisson ardent. Walt Disney exploite cette fascination dans Fantasia en 1940 et Le Troisième homme sur la Montagne en 1959. Evidemment, son rêve était d’en avoir une dans son parc.

Première montagne à Disneyland

Dès l’ouverture de Disneyland en 1955, Walt souhaite y intégrer une montagne russe. À cette époque, ce type d’attraction se trouve surtout dans les fêtes foraines. En 1958, lors du tournage du film Le Troisième Homme sur la Montagne, le producteur a une véritable révélation. Celui-ci ayant lieu en Suisse au pied du Mont Cervin, Walt est si impressionné qu’il contacte immédiatement ses Imagineers. Un seul mot d’ordre : reproduire la montagne pour son parc d’attraction. Après des mois de travail, ils reproduisent au 1/100e le Cervin en plein cœur de la Californie. De son nom Allemand, l’attraction s’appelle Matterhorn Bobsleds.

Une innovation Disney

Pour l’occasion, les concepteurs travaillent sur le développement d’une nouvelle technologie : La montagne russe à rails tubulaires. Il s’agit de deux rails parallèles et cylindriques qui permettent aux wagons d’être plus audacieux dans les manœuvres. De plus, un système de contrôle 

autorise le lancement de plusieurs véhicules. Cette nouvelle technique, plus sûre et plus souple, va au delà des espérances de Walt qui souhaite se démarquer. Les Imagineers s’exécutent et construisent, non pas un mais deux parcours imbriqués. Les visiteurs embarquent dans des bobsleighs et font une traversée mouvementée dans la montagne enneigée. En plus de la descente, l’endroit propose divers autres attractions ce qui en fait un complexe. Le Disneyland Skyway permet au visiteur de monter à bord d’un téléphérique. Enfin, ils ont l’occasion d’être en totale immersion au sein d’un village typique des Alpes Suisse.

En quête de l’espace

Devant le succès de Matterhorn Bobsleds, Walt souhaite aller encore plus loin avec une attraction entièrement dans le noir. Passionné également par la conquête spatiale, il aimerait pouvoir intégrer ce thème à son parc. C’est ainsi que les premiers projets de Space Mountain commence à voir le jour.

Un projet mis à l’arrêt

Rapidement, Walt Disney imagine un nouveau complexe appelé « Space Port » ayant pour thème la conquête spatiale. Tout comme Matterhorn Bobsleigh, le but est de compiler plusieurs attactions en une. Pour ce nouveau projet, les Imagineers voient les choses en grand avec une montagne russe, dans le noir, comportant quatre parcours. En plus, il est prévu une « People Mover », un système de transport automatisé permettant de faire le tour de l’attraction. En 1966, le projet est renommé « Space Mountain » mais Walt Disney meurt quelques mois plus tard et son rêve avec. Devant l’immense chagrin, faute de moyens technologiques et avec la construction du Magic Kingdom, le projet est abandonné.

Rien ne se perd

En 1971, le nouveau parc Magic Kingdom ouvre ses portes en Floride. Fort de son succès, il devient rapidement évident que la construction d’une attraction à sensations fortes est nécessaire. Les Imagineers ont dans un premier temps l’idée de construire un nouveau Matterhorn Bobsleds. Malheureusement, comme c’est le cas à Disneyland, l’attraction peut difficilement être intégrée entre Fantasyland et Tomorrowland. Le parc n’a pas été conçu pour accueillir une si grande attraction. On décide alors de rouvrir le projet « Space Mountain » car les prouesses technologiques ont grandement évolué. Ce qui était impossible dix ans auparavant pouvait désormais se faire. Le rêve de Walt Disney devenait enfin réel.

Un succès mondial

En raison du parcours et pour donner une impression de gravité, la structure se devait d’être conique. L’imagineer en charge de l’architecture décide rapidement d’en faire une sorte de montagne spatiale. Pour cela, il s’inspire du Mont Fuji qui est un modèle parfait en raison de sa forme droite et harmonieuse. Pour les trains, les imagineers reprennent le design de Matterhorn Bobsleds. Comme pour ce dernier, deux parcours jumeaux s’entremêlent à l’intérieur, rendant l’expérience plus enrichissante. L’attraction ouvre le 15 janvier 1975 et rencontre un grand succès. Deux versions jumelles ouvrent en 1977 à Disneyland et en 1983 à Tokyo Disneyland, toutes à Tomorrowland. La différence entre ces deux dernières versions et l’originale est qu’il n’y a qu’un seul parcours.

Ouverture d’ Euro Disneyland

En 1987, il est décidé de construire un nouveau parc à Paris : Euro Disneyland. Dès le début du projet, le parc prévoit d’avoir un Space Mountain. Cependant, Tomorrowland reste problématique car le futur est en changement constant et demande une réhabilitation régulière du land. Afin de palier à ce problème, les Imagineers imaginent un nouveau concept et renomment le land Discoveryland. Ils souhaitent faire un bond dans le passé en partant sur la vision du futur tel qu’il fut imaginé des siècles auparavant. Le but étant de rendre hommage aux plus grands visionnaires du passé, dont Jules Verne principalement. De ce fait, Discoveryland devient intemporel.

Un projet gigantesque et audacieux

À Paris, les Imagineers reprennent le projet titanesque « Space Spot » de Walt Disney rebaptisé « Discovery Mountain ». Cette montagne d’un diamètre d’environ 100 mètres prévoit d’accueillir plusieurs attractions en hommage aux œuvres de Jules Verne. Les concepteurs imaginent une montagne russe emmenant les visiteurs sur la Lune ainsi qu’une grande tour de chute. Ces deux attractions sont inspirées des romans « De la terre à la Lune » et « Voyage au centre de la Terre ». Un lagon artificiel accueille le Nautilus dans lequel un parcours scénique transporte le public dans « Vingt Mille Lieues sous les mers ». Dans le salon luxueux du Capitaine Nemo, un restaurant propose de déguster de délicieux fruits de mer. Enfin, l’attraction Horizon, présente à Epcot, doit être adaptée pour Disneyland Paris.

Un projet repoussé puis annulé

Bien que les prouesses technologiques permettent sans aucun souci l’élaboration de Discovery Mountain, financièrement le projet devient plus compliqué. Pour le nouveau parc, un budget de 1,3 milliard de dollars est prévu mais les dépenses sont rapidement plus élevées. Avant même la construction de Discovery Mountain, 4 milliard de dollars ont déjà été engagés. Les Imagineers, résignés, décident de repousser le projet. A son ouverture, le parc n’obtient pas les rentrées financières attendues et la situation devient catastrophique. Euro Disneyland change alors de direction et devient Disneyland Paris. Dès lors, le projet Discovery Mountain est définitivement abandonné au profit d’autres attractions nécessaires à la survie du parc.

Une architecture et thématique unique

Du projet initial, les Imagineers conservent la montagne russe et le lagon avec le Nautilus. Le dôme qui aurait du faire 100 mètres de diamètre et finalement réduit à 62 pour une hauteur de 36 mètres. L’attraction s’appuie sur une technique d’ingénierie remarquable. Sa structure en aluminium très légère repose uniquement sur l’anneau qui entoure le dôme. L’esthétique du Space Mountain parisien est unique et digne d’une œuvre d’art. Avec ses poutres en métal cuivré et ses plaques dorées, l’attraction s’inscrit totalement dans l’esprit de Discoveryland. Son canon à 32° posé sur le dôme fait qu’il se démarque complètement des autres Space Mountain. De plus, la version parisienne est la seule à posséder un looping et des inversions.

Space Mountain – De la Terre à la Lune (1995-2005)

Dans cette version, le train est propulsé du canon dans un bruit de détonation et de fumée. Le voyage dans l’espace commence en traversant un champ d’astéroïdes. Le train évite de justesse d’être avalé par la machine spatiale du colonel Barbicane. Après avoir échappé au danger, les passagers traversent un énorme astéroïde puis un champ de météorites. Le train monte en douceur jusqu’à la lune au visage souriant. Sur la gauche, les passagers aperçoivent un panneau indiquant « 50.000km vers la Lune ». Sur la droite ils remarquent Jules Verne, avec l’équipement approprié, debout sur un astéroïde. Le train retourne ensuite sur Terre en traversant un autre champ d’astéroïdes. Les passagers rentrent dans l’atmosphère sous les traits de rayons lumineux et de chaleur. Le parcours prend fin avec fracas dans l’Electro-de-Velocitor, qui freine le train juste avant son retour en gare.

Space Mountain depuis 1995

À son ouverture en juin 1995, l’attraction est appelée Space Mountain – De la Terre à la Lune. L’histoire reprend les personnages du célèbre roman de Jules Verne mais n’est en réalité qu’une suite. L’idée est plutôt ingénieuse. Les héros du roman offrent désormais à tous la possibilité d’effectuer un voyage vers la lune. Mais avec la fermeture du Visionarium en 2004, Discoveryland change et Space Mountain ferme à son tour en 2005 pour rénovation. Il rouvre en avril de la même année sous le nom de Space Mountain: Mission 2. Désormais, il emmène les passagers au-delà de la Lune jusqu’aux confins de l’univers. Si le parcours reste inchangé, les décors se veulent plus modernes et futuristes. En 2017, Space Mountain ferme à nouveau ses portes pour plusieurs mois. En raison des 25 ans du parc, l’attraction est redécorée et rouvre sous le nom de Star Wars Hyperspace Mountain.

Space Mountain : Mission 2 (2005-2017)

Désormais, les trains sont propulsés depuis le bas du canon contrairement à l’ancienne version qui les lançait depuis le milieu. Un compte à rebours est prononcé et l’explosion propulse les trains au-delà de la lune. Les voyageurs de l’espace rencontrent de nombreux objets spatiaux comme une comète, des planètes et plusieurs astéroïdes. En atteignant la Supernova, cette dernière explose et détruit tout ce qui se trouve à ses environs. Le train entreprend son retour sur Terre en traversant un champ d’astéroïdes en fusion. Pour atteindre la planète bleue, il passe dans un vortex qui représente un raccourci à travers l’univers. Comme dans la version précédente, l’Electro-de-Velocitor ralenti les trains avant de regagner la gare.

Star Wars Hyperspace Mountain (2017 à aujourd’hui)

Les passagers montent à bord de voitures bleues et se préparent à être catapultés au cœur d’une bataille de l’espace. Le train entre dans un tunnel et l’emblématique musique de Star Wars s’enclenche avant d’entrer dans le canon. Après une brève conférence de l’amiral Akbar, l’ordre de lancement est donné. Le Columbiad tire et propulse les trains à 71 km/h dans l’hyperespace depuis la Terre. À son arrivée à Jakku, un groupe de TIE tend rapidement une embuscade au train. Il se fraie un chemin à travers le combat aérien alors que des tirs de laser sont lancés entre les vaisseaux. Les TIE étant détruits, l’escadron bleu tire sur un destroyer stellaire et porte un coup critique. Un autre saut dans l’hyperespace est effectué et renvoie le train à la gare.

La nostalgie des premiers temps

Si Space Mountain reste une attraction emblématique de Disneyland Paris, nombreux sont ceux qui regrettent la version d’origine. Avec la fermeture du Visionarium, Discoveryland a perdu de son originalité. Outre le Nautilus et le canon Columbiad, les références à Jules Verne ont quasiment disparu. Ce qui est également le cas pour de nombreux effets que l’attraction proposait. Effectivement, à chaque lancement, le canon reculait, le bruit de la détonation retentissait et la fumée jaillissait. Si la détonation et la fumée sont volontairement arrêtées, ce n’est pas le cas du recul du canon. Ce dernier est tout simplement en panne et rien n’indique qu’il sera réparé un jour. La détonation, elle, était si forte que plusieurs plaintes du voisinage ont forcé son arrêt. Quant à la fumée, elle ne convient tout simplement plus à la nouvelle thématique de Star Wars. En juin 2021, une nouvelle clé collector Space Moutain – De la Terre à la Lune a été mise en vente. Pourtant rien n’indique un retour prochain de l’attraction originale. Hyperspace Mountain est volontairement très sombre pour cacher les anciens décors toujours en place dans l’attraction. Space Mountain : Mission 2 devrait revenir dans le futur tout en conservant les nouveaux trains actuels. N’oublions pas que Star Wars Hyperspace Mountain avait été annoncé pour une durée temporaire. Alors si vous aussi vous êtes nostalgiques des anciennes versions, soyez patients, elles reviendront… peut être…